Pourquoi mange-t-on des crêpes à la Chandeleur ?

Crêpes de la Chandeleur © Deposit photos

Chaque année, le 2 février sonne comme la fête des amoureux des crêpes : c’est la Chandeleur ! Cette tradition réjouit les gourmands depuis des siècles.

Mais savez-vous pourquoi mange-t-on des crêpes à cette date et ce que nous célébrons à la Chandeleur ?

Je vous dévoile les origines de cette tradition et reviens sur la célèbre controverse (majoritairement bretonne) : crêpe ou galette ?

Aux origines de la Chandeleur :

La Festa Candelarum : une fête romaine

Le nom de Chandeleur vient du latin Festa candelarum, qui signifie « fête des chandelles ». Cette fête romaine et païenne célèbre les premiers jours qui s’allongent, le retour de la lumière et du soleil, avec des processions de flambeaux dans les rues.

Dans le calendrier romain, la Festa Candelarum fait référence au mythe de Proserpine, enlevée par Pluton son mari et gardien des Enfers.

Sa mère Cérès, déesse de l’agriculture, des moissons et de la fertilité, parcourt la terre entière, torche à la main, à la recherche de sa fille disparue, cessant de veiller sur les cultures qui dépérissent.
Un accord est finalement trouvé : Proserpine passe six mois sous terre avec son mari (Automne et Hiver) et six mois sur terre avec sa mère (Printemps et Été) !

La Festa Candelarum célèbre donc le retour de Proserpine sur terre et la victoire de la lumière sur ténèbres.

Statue de Cérès, datée du Ier siècle après J.-C., conservée au Louvre © Victor Grigas
Statue de Cérès, datée du Ier siècle après J.-C., conservée au Louvre © Victor Grigas

Dans le monde romain, février est également le dernier mois de l’année. Il est consacré à la purification de la ville organisée lors des Lupercales et les Parentalia. Ces fêtes doivent permettre d’obtenir la prospérité et la fécondité, mais également la bénédiction des dieux et des ancêtres pour l’année à venir.

Imbolc : une fête celte

Brigitte du Ménez-Hom ou déesse du Ménez-Hom © Musée de Bretagne à Rennes
Brigitte du Ménez-Hom ou déesse du Ménez-Hom © Musée de Bretagne à Rennes

Les Celtes (et donc les Gaulois), célèbrent, le 1ᵉʳ février, la fête d’Imbolc, dédiée à Brigit. Pour honorer cette déesse de la fécondité et de l’abondance, des processions illuminées de flambeaux sont organisées dans les champs.

Ces rituels, comme chez les Romains, sont une volonté de purification dans le but d’obtenir de nombreuses récoltes. Ils correspondent également à un culte du retour de la lumière.

Dans le calendrier chrétien, la Sainte Brigitte est fixée au 1er février en référence à cette fête païenne.

Présentation de Jésus au Temple : une fête chrétienne

La Chandeleur est la dernière fête du cycle de Noël dans le calendrier chrétien. Arrivant 40 jours après la naissance de l’Enfant Jésus, le 2 février est le jour de sa Présentation au Temple par Marie et Joseph. Cette tradition hébraïque stipule qu’il faut présenter le premier-né de chaque famille à Dieu afin de recevoir sa protection.

Présentation au Temple par Gentile da Fabriano, conservé au Musée du Louvre © Shonagon
Présentation au Temple par Gentile da Fabriano, conservé au Musée du Louvre © Shonagon

Cette fête entre dans le calendrier chrétien au VIe siècle, lorsque le pape Gélase Iᵉʳ décide de christianiser les anciennes fêtes païennes. Lors cette célébration, le prêtre bénit les chandelles et les candélabres de l’année à venir. Les fidèles participent à cet office religieux en tenant à la main un cierge. Les églises sont alors baignées de lumière.
Traditionnellement, les crèches et autres décorations de Noël sont rangées à cette occasion.

Pourquoi mange-t-on des crêpes à la Chandeleur ?

Une origine antique :

Dès l’Antiquité, lors de la fête des Lupercales, les Vestales offraient aux dieux des gâteaux de blé qui rappellent nos crêpes modernes. La forme et la couleur d’une galette ou d’une crêpe rappelant celles du soleil.

Selon la tradition chrétienne, la coutume de manger des crêpes lors de la Chandeleur remonterait au pontificat de Gélase Iᵉʳ. Le pape aurait ordonné la distribution de crêpes aux pèlerins qui venus à Rome pour cette fête.

Portrait du Pape Gélase Ier, devenu saint Gélase, conservé à la bibliothèque municipale de Trente (Italie) - 1879
Portrait du Pape Gélase Ier, conservé à la bibliothèque municipale de Trente (Italie) – 1879

Des traditions populaires :

Traditionnellement, les crêpes étaient préparées, après la fin des semailles, en utilisant la farine résiduelle de l’année précédente.

Selon la coutume, il faut faire sauter la première crêpe de la main droite en tenant, dans la main gauche, un Louis d’or, ou une pièce d’or ou de monnaie. Cela assurerait la richesse et la prospérité dans la maison. Pour garantir la réussite, il faudrait simultanément entonner ce chant :

« La veille de la Chandeleur…
L’hiver se passe ou prend rigueur
Si tu sais bien tenir ta poêle
À toi l’argent en quantité
Mais gare à la mauvaise étoile
Si tu mets ta crêpe à côté. »

Cette première crêpe doit ensuite être conservée dans une armoire pendant toute l’année pour augmenter les chances de bonne récolte.

Il existe divers proverbes qui signalent les variations de saison du temps associées à cette célébration :
« À la Chandeleur, l’hiver s’apaise ou reprend vigueur »,
« Chandeleur à ta porte, c’est la fin des feuilles mortes » ,
« À la Chandeleur, les jours s’allongent comme une chandelle ».

Image d'Épinal Les Crêpes © Musée de l'image d'Épinal
Image d’Épinal Les Crêpes © Musée de l’image d’Épinal

Mais au fait, faut-il parler de crêpe ou de galette ?

À chaque Chandeleur, le débat ressurgit : doit-on parler de crêpe ou de galette ?
Il semble aujourd’hui acquis, notamment sur le menu de restaurants, que les galettes constituent le plat principal quand les crêpes sont réservées au dessert… Cette distinction ne serait-elle qu’une question entre le salé et le sucré?

Galette ou crêpe de blé noir © Depositphotos
Galette ou crêpe de blé noir © Depositphotos

Un plat à l’histoire ancestrale

La crêpe, ou plutôt la galette, est un plat qui existe depuis la préhistoire, bien avant l’apparition du pain. Cet aliment de base est alors un simple mélange de céréales en poudre et d’eau. Cette pâte est ensuite cuite sur une pierre brulante.

Les Romains améliorent la recette en mélangeant de la farine de froment, des œufs, de l’eau et parfois de vin. Cependant, elles n’étaient pas agrémentées de garniture comme aujourd’hui.

Du XIIIe au XVe siècle, la culture du sarrasin (blé noir), croît en Europe. Avec cette culture apparaît la crêpe que nous connaissons. Elle est mangée à la main, trempée dans de la soupe ou de la potée, sans garniture.

Au XVIIIe siècle, présentée à des invités de prestige, la galette s’accommode d’un œuf. Ainsi naît le premier plat de galette de Bretagne : le « pâté de Bécherel ». Cette recette, consommée uniquement pour les grandes occasions, se compose de deux galettes beurrées avec un œuf miroir.

La célèbre galette saucisse, aujourd’hui emblématique de la cuisine bretonne, n’est créée qu’à la fin du XIXe siècle, tout comme la galette au sucre. Aujourd’hui, la galette saucisse briguerait une inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO !

Galette saucisse (Sausage wrapped in buckwheat crêpe) - Delicious!.
Galette saucisse, Marché Place des Lices, Rennes.

Une querelle sémantique et géographique

Crêpe ou galette, sarrasin ou froment, les distinctions entre ces plats sont à la fois sémantiques et géographiques.

O belles galettes dorées, Appétissantes, bien beurrées, Bonnes galettes de chez nous Qu'on mange avec du cidre doux. Carte postale d'une bretonne en costume de Quimper, tenant une crêpe. Tout début du XXe siècle
Carte postale d’une bretonne en costume de Quimper, tenant une crêpe. Tout début du XXe siècle

À l’est de Saint-Brieuc et de Vannes, (Haute-Bretagne) on utilise le terme « galette » pour une recette à base de farine de sarrasin et le terme de « crêpe » pour une recette sucrée, à la farine de froment.
Même après cuisson, les galettes, appelées soupig ( « moelleuses » en breton), restent épaisses.

Dans le Finistère, le Morbihan et une partie des Côtes-d’Armor (Basse-Bretagne), on utilise les expressions « crêpe salée » ou « crêpe de blé noir » pour décrire l’ajout de farine de sarrasin à la pâte à crêpes. Les « crêpes de froment » ou «crêpes sucrées » sont, comme leur nom l’indique, préparées avec de la farine de froment.

Au Moyen Âge, la Basse-Bretagne est moins fertile que la Haute-Bretagne. Pour faire des économies, les crêpes réalisées dans cette région sont plus fines et croustillantes (« craz » en breton).
C’est ainsi que seraient nées les crêpes dentelles, apparues pour la première fois en 1886 quand Marie-Catherine Cornic, Quimpéroise, aurait eu l’idée d’enrouler une de ses crêpes oubliées sur le billig (crêpière en breton).

Crêpière ou Billig © Janine
Crêpière ou Billig © Janine

En Basse-Bretagne, une galette est une crêpe de froment presque aussi épaisse qu’un pancake : croustillante à l’extérieur et onctueuse à l’intérieur. Les célèbres galettes de Pont-Aven, gâteaux à base de sucre et de beurre, en sont une variété savoureuse !

Dans toute la Bretagne, les ingrédients pour les crêpes et les galettes sont identiques : de la farine, de l’eau et du sel. Les amateurs ajoutent parfois quelques gouttes de lait ribot à la recette.

La type de farine utilisé et surtout l’épaisseur font finalement toute la différence !

Recette de la pâte à crêpes

Nous vous proposons une recette traditionnelle de crêpes sucrées pour le bonheur des petits et des grands gourmands !

250 grammes de farine
4 oeufs
50 centilitres de Lait
1 pincée de sel
50 grammes de beurre
2 cuillères à soupe de bière ou de rhum

Dans un saladier, verser la farine, le sucre et le sel.
Faire un puits au milieu pour y incorporer les œufs.
Verser, petit à petit, le lait et la bière (ou le rhum), tout en remuant pour éviter les grumeaux.
Laisser reposer la pâte à crêpes une heure ou deux, en la couvrant d’un torchon.
Faire chauffer une poêle ou une crêpière avec de la matière grasse (huile ou beurre).
Verser une louche de pâte en tournant la poêle et laisser dorer puis retourner la crêpe pour la faire cuire de l’autre côté.
Régalez-vous !

Crêpes de blé © Depositphotos
Crêpes de blé © Depositphotos

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